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Fonction publique : Un réseau maffieux sape l’action du ministre

Interview

Selon les chercheurs et spécialistes de l’Administration publique, des maux sans nombre minent ce secteur en RDC.

Parmi ceux-ci il y a l’épineux défis des fictifs se trouvant sur les listings de paie. Plusieurs ministres qui se sont succédés ont toujours été floués par un réseau maffieux. Celui-ci opère depuis des années et constitue un frein à toutes les réformes initiées dans la fonction publique congolaise.

La rédaction de laproximite.net a approché Pascal Manshimba, député national honoraire, chercheur et expert depuis plus de 15ans.

Laproximite.net : Vous êtes expert et spécialiste de la fonction publique. Comment jugez-vous le fonctionnement de l’administration publique de la RDC?

PASCAL MANSHIMBA: Colonne vertébrale de la vie nationale, l’administration publique  congolaise  est malheureusement submergée par  les maux de tous genres qui font que son fonctionnement aujourd’hui soit totalement chaotique. Toutes les tentatives pour relever cette administration n’ont pas abouti malgré la volonté et la détermination du Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Non seulement  qu’elle  patauge dans tous les secteurs de la vie nationale, l’administration congolaise, n’arrive pas à booster le processus  de production des biens et services. Plus grave, elle a clochardisé tous les agents, les amenant ainsi à être démotivés.

Tous ces maux qui tirent leur origine  depuis le régime mobutiste, ont poussé  les agents surtout ceux qui ne sont jamais payés en dépit de leur ancienneté, à travailler  non pas  dans l’intérêt du pays, mais pour leurs ventres.

Laproximite.net : Quels sont les maux qui rongent ce secteur ?

PASCAL MANSHIMBA: Les principaux maux qui rongent l’administration publique  sont notamment  le phénomène agents fictifs, les faux agents,  le phénomène agents matriculés non payés, la non mise en retraite et la retraite  de fait par le fait du vieillissement.

Laproximite.net : Pourquoi l’on ne parvient pas à maîtriser les effectifs de l’administration publique de la RDC ?

PASCAL MANSHIMBA : La RDC est le seul pays au monde qui ne connaît pas les effectifs des agents de l’Etat.  Non seulement les conditions de recrutement ne sont pas respectées, mais plus grave, tout le monde; ministres, Chefs d’entreprises, cadres et agents qui sont dans le circuit, tous sont libres de recruter chacun qui, comme et quand il le veut. Conséquence,  le Ministre de la Fonction publique est incapable de produire le fichier de paie pour toute la République.  C’est pourquoi,  toutes les réformes engagées pour maîtriser les effectifs des agents de l’Etat n’ont jamais abouti.

Laproximite.net : Qui sont acteurs dans ce réseau maffieux ?

PASCAL MANSHIMBA: C’est un véritable réseau mafieux qui s’est pérennisé  et qui détourne chaque mois les salaires des agents, il y a plusieurs années.

Ce cartel a comme  cerveau moteur les experts des ministères de la Fonction publique,  de Finances et du Budget qui travaillent en connivence avec certains banquiers.

Laproximite.net : Que faire pour le démanteler et résoudre ce problème?

PASCAL MANSHIMBA: Pour résoudre la question de l’Administration publique congolaise,  il faut commencer par doter le pays d’un nouveau fichier qui ne reprend que les agents qui travaillent effectivement.  Puis, faire respecter la loi en ce qui concerne le recrutement et la paie des agents.  Jamais un agent ne peut dépasser six mois impayé pour la catégorie d’exécution et huit mois pour celle de collaboration.

Laproximite.net : Que propose le Panel des Experts de la Fonction Publique que vous dirigez ?

PASCAL MANSHIMBA : Je demande au Président de la République et au Premier ministre de nous faire confiance et de nous recevoir. Nous allons leur montrer toutes les failles de notre administration et comment les corriger. Le Panel regorge des experts qualifiés dans tous les domaines. Et ils ont des techniques et l’expertise sur le comment faire pour produire le fichier fiable et dépouillé des agents fictifs dans un temps record de deux mois seulement.

                                                              Propos recueillis par : Gustave TSHIBUMBU