Justice

RDC | ACAJ et justicia Asbl condamnent les « Arrestations et détentions arbitraires opérées par l’ANR »

Dans un Communiqué de presse conjoint publié vendredi 5 août 2022, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) et Justicia Asbl, deux ONGs de défense des droits de l’homme sont montés au créneau pour dénoncer « les Arrestations et détentions arbitraires opérées par l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) » durant ce dernier temps.

Auteures de cette annonce, les deux ONGs s’appuient sur 30 cas, de personnes en situation de privation de liberté de mouvement, documentés à ce jour ; « et ce en violation des articles 17, 18 et 19 de la Constitution qui garantissent à toute personne interpellée ou détenue, respectivement, les droits de visite, d’assistance de conseil et d’être présenté devant l’autorité judiciaire compétente à l’expiration du délai de la garde à vue », souligne le communiqué.

Ces arrestations et détentions arbitraires attribuées à l’ANR s’établit, a en croire le document, à travers le territoire national.

S’agissant de la ville de Kinshasa, les deux ONGs signalent la détention de Ferdinand Droma Ndowa et Freddy Baelongani Kamango respectivement directeur-chef de département et directeur à la société minière SOKIMO. Ces derniers ont été arrêtés puis détenus au sein des installations l’ANR depuis près d’un mois déjà pour un conflit professionnel.

« Dans le cadre du même dossier, Me Ethy Kumbalani Batindie, avocat au Barreau de l’Ituri, est aussi recherché pour les mêmes faits et s’est vu contraindre à vivre en clandestinité », s’insurge les ONGs de défense des droits de l’homme.

L’ACAJ et Justicia Asbl évoquent aussi le cas du Secrétaire National en charge de communication, et médias au sein du parti politique Parti Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, Jimmy Kitenge qui après son “enlèvement” reste “détenu jusqu’à ce jour.”

Ce document rapporte également des cas d’arrestation à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga et à Kamina dans le Haut-Lomami dont un étudiant en L2 de l’ISC (Lubumbashi) est en détention jusqu’à ce jour aux cachots de l’ANR. Les ONGs renseignent aussi qu’un magistrat du parquet de grande instance de Lubumbashi et un avocat au barreau de la même ville ont été enlevés, torturés et détenus pendant 24 heures.

La province du Lualaba n’est pas non plus épargnée par ces violations des droits de l’homme. L’annonce des ONGs de défense des droits de l’homme signale deux cas similaires à Kolwezi.

Ils s’agit notamment ; du président urbain de l’Union des Jeunes Katangais (UJK), Narcisse Nawej Lisuku « arrêté et détenu durant neuf jours par les agents de l’ANR au motif qu’il aurait publié sur sa page Facebook des images qui porteraient atteinte à l’autorité du chef de l’Etat », précise l’ACAJ et justicia Asbl.

Évoquant le cas du communicateur du Gouverneur Muyej et chef de département en charge de communication et médias du comité Exécutif du PPRD au Lualaba, Momo Mulapu, le document rapporte qu’il « a été invité verbalement au bureau de l’ANR, verbalisé et transféré à Kinshasa, où il est détenu jusqu’à ce jour, aux motifs qu’il aurait tenu des propos outrageants à l’endroit du chef de l’Etat (…) »

Face à ces graves violations des droits fondamentaux de citoyens, qui menacent sérieusement l’Etat de droit prôné par le président de la République, l’ACAJ et Justicia Asbl interpellent les autorités congolaises.

Cela dit, les deux ONGs demandent au Gouvernement de la République de procéder à la libération des personnes en détention arbitraire et le transfert de leur dossier au parquet afin d’assurer leur défense.

Réagissant face à ce tableau sombre Georges Kapiamba, Président de l’ACAJ a indiqué que « ce plaidoyer de l’ACAJ et Justicia Asbl constitue un test de grande nature par lequel la Communauté tant nationale qu’internationale, titillées par l’ancienne réputation scabreuse de l’ANR, scrutera l’effectivité de la volonté politique du Gouvernement de la RDC de débarrasser l’ANR d’une image de police politique dont la violation des droits de l’homme lui serait consubstantielle. »

Pour sa part, Timothée Mbuya , Directeur Exécutif de Justicia Asbl, attend une réaction rapide des autorités compétentes.

« Nous espérons que le Gouvernement agira vite de manière à rassurer l’opinion tant nationale, qu’internationale sur sa détermination à faire en sorte que les services de sécurité s’arriment effectivement au vent de changement promis par le Président de la République à travers le respect des droits de l’homme, sans lesquels l’Etat de droit ne serait qu’un slogan politique creux », a-t-il déclaré.

Rappelons qu’en vue d’éviter ces dérives, lors de son avènement au pouvoir, le chef de l’État Félix Tshisekedi avait ordonné la fermeture des cachots clandestins au sein de l’Agence des renseignements. Apparemment cette promesse faite par le président de la République durant la campagne électorale de 2018 peine à se concrétiser.

Osée Kabamba ✍️